Hypocrétine

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C’est un neurotransmetteur cérébral. Fabriqué par notre cerveau, sa présence permet le passage de certains types d’information utilisée au moment du sommeil. L’équipe de DeLecea (E.U.) découvre en 1998 deux peptides présente dans l’hypothalamus et dénommés hypocrétine-1 et -2. Leur nom est dérivé d’hypothalamus et de sécrétine parce que ces peptides présentent une faible homologie avec la sécrétine. On les trouve dans l’hypothalamus et dans des vésicules synaptiques.

De façon indépendante et la même année, l’équipe de Sakurai (Japon) identifie les mêmes neuropeptides. Les auteurs les appellent orexine-A et -B, à cause de leurs propriétés orexigènes (stimulatrices de l’appétit) observées in vivo. En effet, on les trouve préférentiellement dans l’hypothalamus latéral, une région impliquée dans le contrôle de l’appétit et dans la régulation du comportement alimentaire.
L’orexine-A et l’orexine-B correspondent respectivement à l’hypocrétine-1 et I’hypocrétine-2

“Les hypocrétines A et B sont des neuropeptides, de 33 et 28 acides aminés, produits exclusivement par un groupe bien défini de neurones siégeant dans l’hypothalamus latéral. Ces neurones se projettent vers le bulbe olfactif, le cortex cérébral, le thalamus, l’hypothalamus et le tronc cérébral, notamment le locus coeruleus, les noyaux du raphé et la formation réticulée bulbaire […]. Les hypocrétines sont des neuromodulateurs dont la particularité est d’agir directement au niveau de la terminaison des axones.” (Michel Billiard & Yves Dauvilliers 2000).

L’hypothalamus ayant des projections diffuses et nombreuses au sein du système nerveux central, en particulier vers l’amygdale, le noyau accumbens, le septum, la bande diagonale et tous les groupes de neurones monoaminergiques ceci indique que les orexines ou hypocrétines ont des rôles de régulation dans des comportements plus variés que ceux du seul comportement alimentaire.

Seuls certains rares neurones, situés dans l’hypothalamus postérieur fabriquent l’hypocrétine. Celle-ci agit sur d’autres neurones impliqués dans le maintien en éveil et dans l’expression des émotions. Or, si les récepteurs à hypocrétine sont normaux chez l’homme, cet hormone n’y est pas présente. Presque tous les malades, surtout ceux présentant narcolepsie et cataplexie, ont des taux d’hypocrétine très faibles, voire indétectables. Ce résultat entraîne chez eux un fonctionnement très problématique du maintien de l’éveil.

Constantin von Economo , un neurologue autrichien avait découvert une maladie qui porte son nom et qui se manifeste par des « léthargies », associées à des lésions dans l’hypothalamus postérieur. Or, c’est  l’endroit où des neurones fabriquent cette hypocrétine. En 2000, l’équipe californienne, d’Emmanuel Mignot confirme dans ses recherches sur l’autopsie de patients narcoleptiques que leur maladie est effectivement la conséquence de la destruction de ces neurones à hypocrétine

Von Economo avait décrit l’encéphalite léthargique pendant l’épidémie de grippe espagnole (1919/1920). Se pose alors la question que des infections pourraient jouer un rôle dans la survenue de la narcolepsie, en déclenchant la destruction des neurones à hypocrétine ?

“Reste que les gènes de susceptibilité, fréquents chez les narcoleptiques, existent également chez des individus bien portants. Le processus auto-immunitaire ne se met donc vraisemblablement en route que sous l’effet d’un facteur déclenchant : sans doute une maladie infectieuse. C’est ce que suggère le déclenchement de l’encéphalite pendant la grippe espagnole. C’est aussi ce que semblent indiquer des cas de narcolepsie qui seraient liés à la vaccination contre le virus H1N1 en 2010 (…). De plus, on retrouve fréquemment des traces suggérant une récente infection angineuse à streptocoque chez des personnes dont la narcolepsie vient de se déclarer.” (Olivier Andlauer & Emmanuel Mignot, juillet 2011)

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