La fille qui dort

Florence Hinckel

  • Editeur: 400 Coups jeunesse
  • Date de parution : 21 septembre 2007
  • format : 13,3 x 20,3 cm
  • nombres de pages : 144
  • ISBN-10 :  2895403457
  • ISBN-13 :  978-2895403456

Public

Pour les 9 – 11 ans

Description

Johanna a 15 ans, ces derniers temps, elle a de plus en plus de mal à résister au sommeil. D’autres troubles l’amènent à consulter un spécialiste. Elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie rare : la narcolepsie.

Après le choc de cette révélation, la vie reprend le dessus. Johanna s’inscrit au club de théâtre de son lycée. D’étranges rêves la guident vers la voie à suivre. Il lui faudra apprendre à accepter sa vie rêvée pour apprivoiser la vie réelle…

Pour voir la critique de ce livre sur le site de l’ANC : Cliquez ici

L’avis de l’ANC : ***

A mettre entre toutes les mains d’adolescents et de parents qui ont envie de comprendre la psychologie d’une adolescente qui découvre qu’elle a une maladie rare.

Extrait

– C’est vrai que t’as un gros nez.
Que celui qui a inventé les frères soit maudit pour l’éternité. Le mien s’appelle Vincent, a un an de plus que moi et s’appuie sur le chambranle de la porte de ma chambre d’un air nonchalant… mon journal intime entre les mains.
J’y note mes pensées profondes, mais aussi, c’est vrai, pas mal d’idioties. Hier, je crois que j’ai écrit un truc du genre : je voudrais faire refaire mon gros nez. Pas très malin, je sais bien, surtout si on pense à la misère dans le monde. Mais si je ne suis pas un peu idiote à quinze ans, quand pourrai-je me le permettre ? Je revendique la bêtise de mon âge.
Vincent ne revendique rien : il est, point. Et j’ai une furieuse envie de lui coller mon poing sur le sien, de nez, histoire qu’il me ressemble enfin. Qu’on m’explique un peu : à quoi ça peut lui servir, à lui, un nez aussi fin et droit ? Qu’est-ce qu’un garçon peut faire de ça ? Il aurait été aussi content, sinon plus, de posséder l’appendice de Sylvester Stallone. Alors pourquoi est-ce moi qui en ai hérité ? Non que Stallone soit mon père, mais ils sont peut-être parents très très éloignés.
C’est peut-être d’ailleurs pour ça qu’il s’est cassé aux États-Unis quand j’étais petite, avec une Californienne de dix ans sa cadette. Peut-être qu’il a renoué avec son lointain cousin Sylvester. À l’heure qu’il est, mes demi-soeurs que je n’ai jamais vues en vrai sont en train de boire un Coca avec lui. Peut-être qu’il va les embaucher dans son prochain film. Surtout qu’elles, elles ont un nez tout fin – sur les photos.
Je me rue, furieuse, sur Vincent qui éclate de rire et brandit mon journal à bout de bras. Comme il est plus grand que moi, je ne peux pas l’attraper. Alors je le griffe, avec les ongles inégaux que j’essaie de faire pousser, mais que je casse irrémédiablement quand je borde mon lit. Du coup, j’ai décidé de ne plus faire mon lit, pour au moins avoir quelque chose de joli en moi : le bout de mes doigts. Mais ils sont encore loin d’être d’une beauté qui tue. La preuve : ils n’arrivent même pas à entamer la peau parfaite de mon frère. Alors je crie :
– MAMAN !
– Vincent, laisse ta soeur tranquille, intervient mollement Pélagie, ma mère.
Elle est dans le salon, devant son ordinateur. Pélagie n’est pas comme tant d’autres mères, vautrées devant leur feuilleton préféré, spécialement étudié pour les ménagères décérébrées de moins de cinquante ans. Et quand elles les ont, leurs cinquante ans, elles s’adonnent aux chansons pour vieux qui roulent les r. Non, grâce au ciel ou à ce que vous voudrez, ma mère n’est pas comme ça.
Elle est pire.
Ma mère ne laisse pas l’écran de la télé avaler ses neurones, mais je ne sais pas si l’écran de son ordinateur décuple réellement son potentiel intellectuel. Elle participe à des listes de diffusion sur Internet, pour expliquer à d’autres mères comment coudre des couches ou des serviettes hygiéniques lavables. Parce que c’est plus écologique.
Comme elle n’a hélas pas de bébé à persécuter, elle me tanne, moi, pour que j’utilise ces horreurs de dix centimètres d’épaisseur et qui grattent, mais je résiste. Résultat : tout mon argent de poche passe dans l’achat de ces serviettes, parce que ma propre mère refuse de se compromettre avec le grand capital. Alléluia.
Vincent rigole de plus belle. Je hurle de concert.
– Bon, Johanna, crie la voix du salon, ça suffit comme ça. Arrête de crier. On dirait un veau qu’on égorge !
– Mais MA-MAN !
– JOHANNA ! Tu vas te taire, oui ou… !

Présentation de l’éditeur

La Fille qui dort
Texte de Florence Hinckel

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